Implantée à Moncton, au Nouveau-Brunswick, l’entreprise Fiddlehead Technology utilise des analyses de données massives pour révolutionner la chaîne d’approvisionnement des aliments et des boissons. Le produit phare de l’entreprise, Forecast GuardianMC, est une plateforme infonuagique conçue pour aider les fabricants d’aliments et de boissons à maintenir des prévisions plus justes avec moins d’efforts.

Les cofondateurs, Shawn Carver et David Baxter, ont démarré l’entreprise en 2013 avec pour objectif de résoudre des problèmes par l’utilisation de données et d’outils analytiques. Aujourd’hui, trois ans plus tard, l’entreprise a obtenu 1,8 million de dollars en financement initial, un tour de financement mené par Build Ventures avec l’appui de la Fondation de l’innovation du Nouveau-Brunswick (FINB).

Carver a expliqué à Opportunités NB (ONB) que l’entreprise porte un intérêt tout particulier à l’utilisation de données pour aider la planète a produire plus d’aliments avec moins de gaspillage. Nous nous sommes récemment entretenus avec lui afin d’en savoir plus sur Fiddlehead et sur sa vision de l’entrepreneuriat.

ONB : Quel a été le souffle ayant mené à la création de cette technologie et pourquoi l’industrie des aliments et des boissons?

Carver : David et moi, nous avons de l’expérience dans tout ce qui touche les entreprises en démarrage. D’après ce que nous avons pu observer, si les entreprises échouent, c’est principalement parce qu’elles ont élaboré de magnifiques solutions aux problèmes que personne n’a. Comme nous voulions vraiment éviter cette approche, nous avons procédé un peu différemment. Nous avons créé l’entreprise sans avoir vraiment ciblé un produit en particulier. Au départ, nous voulions trouver le meilleur client de premier ordre possible et essayer de travailler à rebours, c’est-à-dire commencer à partir des problèmes du client afin de développer une solution. Nous avons été chanceux de faire équipe avec McCain Foods.

David et moi, nous savions que nous voulions nous lancer dans les techniques analytiques avancées, mais sans avoir une idée bien précise. Alors, nous avons mené une série d’entrevues avec les différents services de McCain pour repérer les éventuels cas d’utilisation aux fins d’analyses avancées. Ensuite, nous avons évalué 10 de ces cas d’utilisation d’après des critères qui ont été convenus d’un commun accord avec McCain, et c’est comme ça que nous avons créé la performance prédictive.

ONB : David et vous, vous vous êtes rencontrés parce que vous étiez des figures de la scène entrepreneuriale au Nouveau-Brunswick?

Carver : C’est exact, à ce moment-là, nous siégions tous les deux au conseil de Propel ICT.

ONB : Parlons un peu de l’entrepreneuriat. Quels aspects de votre expérience à Propel CT avez-vous appliqués dans votre rôle de fondateur d’une entreprise en démarrage?

Carver : Avant Propel, je travaillais à TheNextPhase, une entreprise que j’ai cofondée avec Toon Nagtegaal. Sur une période de cinq ans, nous avons travaillé avec 60, ou peut-être même 70 entreprises en démarrage, et notre rôle était de les aider à dresser leur plan de croissance. Si je peux me permettre de faire une analogie, je dirais qu’on est ravi dans une certaine mesure de la nouvelle voiture d’un ami, mais qu’à un certain moment, on veut aussi sa propre voiture neuve.

On travaille avec ces super entreprises toutes jeunes, on les voit grandir, on se donne du mal pour les aider, et ça en devient contagieux. À force d’évoluer dans ce milieu, on finit par vouloir endosser le rôle de créateur et lancer sa propre entreprise. 

ONB : Au vu de votre expérience en mentorat auprès de fondateurs d’entreprises en démarrage, ce serait une négligence de notre part si nous ne vous demandions pas le meilleur conseil que vous pouvez donner à un entrepreneur en herbe.

Carver : D’abord, je dirais qu’avant de se lancer sur cette voie, il faut bien comprendre le degré d’engagement que cela demande. Le démarrage d’une entreprise peut être incroyablement gratifiant, mais aussi incroyablement exigeant. Les nouvelles entreprises sont en vogue, et les gens s’enthousiasment pour l’entrepreneuriat, ce qui est extraordinaire. Certaines personnes ne calculent pas bien le degré de dévouement en temps personnel ou d’engagement financier, sans oublier l’engagement émotionnel, qu’il faut pour lancer une entreprise prospère. Ce n’est pas juste le fondateur qui s’investit, c’est toute la famille aussi. Ce n’est pas une décision qu’on prend à la légère.

Ensuite, je dirais qu’il faut commencer par parler aux clients potentiels dès le départ, bien avant de se lancer dans le codage et la création. À partir de là, il faut valider le problème qu’on tente de résoudre, et s’assurer qu’on aime son problème, et pas tant la solution, car elle risque de changer si le travail est effectué correctement. Si on comprend le problème, que c’est un vrai problème qui peut se quantifier monétairement et si on comprend en quoi ce problème est important, alors voilà une affaire en or!

ONB : Selon vous, est-ce que le Nouveau-Brunswick possède un écosystème solide pour appuyer les entrepreneurs?

Carver : En ce qui concerne le mentorat et le financement en phase d’amorçage au moyen d’accélérateurs comme Propel ICT, le Nouveau-Brunswick est doté d’une base très solide, oui. La province ne connaît pas de pénurie de talents et d’idées, et il est possible d’obtenir du financement. Je ne dirais pas que c’est facile, mais c’est possible. Le prochain défi qu’il nous faut relever en tant que région, c’est de passer au prochain niveau depuis ce point de départ.

J’ai eu la chance de me rendre dans de nombreux pôles d’entreprises en démarrage; d’habitude, la communauté de jeunes entreprises est très soudée, mais ici, c’est toute la région qui offre un soutien incroyable! Peu importe le jour ou le mois de l’année, je sais que, si j’ai un problème, j’ai tout mon réseau à mes côtés et tout plein de personnes prêtes à m’aider. C’est beau et c’est rare.

ONB : À quel point la concurrence est-elle forte dans votre créneau?

Carver : C’est compétitif, c’est le moins qu’on puisse dire. Mais notre approche est relativement unique par rapport à tout ce qui se fait actuellement. Notre outil Forecast Guardian n’est pas conçu pour remplacer les progiciels de gestion intégrés ou les solutions prévisionnelles; il a plutôt été conçu pour en améliorer la capacité. C’est un outil d’aide à la décision qui permet aux planificateurs de la demande d’utiliser plus efficacement ce qu’ils ont déjà. Il y a deux volets essentiels dans notre travail. D’abord, nous évaluons constamment les modèles statistiques qui sont actuellement en place pour nos clients du secteur des aliments et des boissons, et nous déterminons les modèles qui doivent faire l’objet d’un réglage ou d’une maintenance. Nous formulons ensuite des recommandations aux clients sur la manière de renforcer ces modèles. Le second volet sert à déterminer les aspects où l’intervention humaine nuit ou contribue à la valeur de ces modèles. Nous repérons les schémas au sein de ces données, puis nous fournissons aux clients des recommandations sur la manière d’améliorer le rendement.

ONB : Quel a été votre rapport avec ONB jusqu’à maintenant?

Carver : Dès les premiers jours, votre équipe nous a apporté un très grand soutien. Le soutien d’ONB nous a permis de recruter du personnel, d’assister à une conférence majeure à Chicago organisée par l’Institute of Business Planning and Forecasting (IBF). Il y avait une trentaine ou une quarantaine de planificateurs de la demande venus de toute l’Amérique du Nord pour assister à cette conférence, et nous étions là devant eux à raconter notre histoire. À la suite de ce séjour à Chicago, nous sommes rentrés au Nouveau-Brunswick avec des pistes très sérieuses.

ONB : Justement, en parlant de rentrer au Nouveau-Brunswick, qu’est-ce qui vous a poussé à revenir? Vous avez vécu à Toronto et dans d’autres villes, si je ne me trompe pas?

Carver : C’est exact, en effet. Ce qui a motivé ma décision de revenir au Nouveau-Brunswick, c’était la perspective de fonder une famille. J’ai aimé de nombreux aspects d’une ville comme Toronto quand j’étais célibataire; et pourtant, ce sont ces mêmes aspects qui me préoccupaient lorsque je songeais à y élever des enfants. Quand est venu le temps de penser à avoir des enfants, je ne pouvais pas concevoir de meilleur endroit où fonder une famille que le Nouveau-Brunswick.

ONB : Maintenant que vous avez annoncé ce tour de financement initial, quelles sont les prochaines étapes pour Fiddlehead?

Carver : Comme la plupart des entreprises qui se situent au même point, nous allons devoir recruter du personnel pour poursuivre le type de croissance visé. Même si nous avons augmenté notre effectif technique, nous cherchons actuellement à y ajouter d’autres membres, et nous prévoyons aussi utiliser ce financement pour faire décoller les ventes et les efforts de marketing dans toute l’Amérique du Nord. 

Écrit par Jason Boies

Pour en apprendre davantage, visitez le Fiddlehead.io.