Depuis son ouverture en 2003, la vinerie Gillis of Belleisle du Nouveau-Brunswick a acquis une renommée pour ses vins exceptionnels. Situé à l’extrémité de la baie de Belleisle, le vignoble, l’un des plus anciens de la province, est la destination idéale des amateurs de bons vins et de paysages bucoliques.
« La baie nous apporte une brise vivifiante qui éloigne habituellement les moustiques; c’est parfait pour la culture du raisin », fait remarquer Alan Gillis, directeur de la vinerie.
Avec un vignoble de 10 acres et un verger de 8 acres qui offre de multiples variétés de pommes, la vaste gamme de produits fait la fierté de Gillis of Belleisle. M. Gillis affirme répondre à tous les goûts, et dit même atteindre le marché chinois avec son catalogue impressionnant.
Opportunités NB (ONB) s’est entretenue avec M. Gillis, pour en apprendre davantage sur l’expansion récente de l’entreprise et ses succès en matière d’exportations.
ONB : Commençons par le projet pilote qui a contribué à votre expansion.
Gillis : Dans le cadre de ce projet, Alcool NB a autorisé les épiceries locales à vendre des vins ne figurant pas sur la liste générale des vins. Six détaillants ont participé au projet, et nos vins ont pu se retrouver sur les tablettes de quatre d’entre eux. La courbe d’apprentissage est intéressante. Au début, beaucoup pensaient que le vin vendu en épicerie n’était bon que pour cuisiner. Quand les consommateurs se sont rendu compte qu’ils pouvaient acheter du vin à boire en faisant leur épicerie, les ventes ont monté en flèche.
L’initiative a inspiré plusieurs grands magasins, et nous avons maintenant un beau problème à résoudre, celui de répondre à la demande. Le projet a été bien accueilli par la population et avec raison. Lorsqu’on parle d’acheter des produits locaux, cela inclut sans contredit le vin.
ONB : Votre entreprise s’agrandit pour répondre à l’accroissement de la demande?
Gillis : Pour répondre à la demande des épiceries, mais aussi à la demande des marchés internationaux. Nous construisons un nouvel entrepôt et allons installer de nouveaux équipements dans les locaux actuels. Une partie de ce matériel sera utilisée pour la première fois dans l’industrie vinicole du Nouveau-Brunswick.
Cela comprend un pressoir à membrane, une cuve à vin, et une chaîne d’embouteillage informatisée. Nous allons passer de 1 200 litres de vin embouteillés par jour à 1 200 litres à l’heure. Nous n’allons pas embouteiller un tel volume chaque jour, mais nous en avons la capacité. Un autre producteur s’est adressé à nous pour l’embouteillage, et notre expansion pourrait donc également avoir des effets positifs sur d’autres producteurs.
ONB : Vous avez mentionné une augmentation de la demande internationale. Vous parlez de la Chine?
Gillis : Exactement. Le marché chinois est en pleine expansion. La classe moyenne en Chine est aujourd’hui assez importante. Le revenu disponible des consommateurs est suffisamment élevé pour qu’ils puissent se permettre des produits de luxe. Ce marché est loin d’être saturé.
Je produis des vins dont personne n’a entendu parler. À cause du caractère exclusif de nos vins, les importateurs chinois que nous avons rencontrés sont très intéressés par ce que nous avons à offrir. Nous avons exporté en Chine une grande quantité de Belleisle Blue et de notre vin primé Cranberry Ceilidh, et l’accueil a été très enthousiaste.
ONB : Vous êtes allé en Chine à plusieurs occasions. Avez-vous des conseils à offrir à d’autres entrepreneurs qui seraient tentés par la Chine?
Gillis : Vous devez adapter votre mentalité, car leur façon de faire des affaires est un peu différente de la nôtre. Lorsque je dois négocier, j’ai habituellement deux ou trois prix à l’esprit, car je sais qu’ils n’obtiendront satisfaction que lorsqu’ils auront l’impression d’avoir fait baisser le prix. Les gens ne se rendent pas compte que les Chinois adorent célébrer autour d’une table. Il est important de s’asseoir et de célébrer avec eux, plutôt que de s’asseoir à une autre table. Évitez aussi de vous enivrer. Dans notre champ d’activité, c’est quelque chose qui peut arriver. Restez calme et en pleine possession de vos moyens.
Veillez à contacter l’ACIA ou les consuls des pays où vous exportez. Il y a des gens qui n’attendent que votre appel ou un courriel pour vous aider.
Enfin, n’oubliez pas d’assurer votre marchandise auprès d’Exportation et développement Canada (EDC).
ONB : Vous êtes originaire du Nouveau-Brunswick, mais avez beaucoup voyagé en Europe. Qu’est-ce qui vous a ramené ici?
Gillis : Oui. Je suis allé à l’université en Angleterre; j’ai vécu en Pologne et en Espagne, et je me suis beaucoup promené entre ces trois pôles. Même si j’ai été charmé par ces grandes destinations européennes, je ressentais le besoin de revenir au Nouveau-Brunswick. Pour toute personne qui a grandi ici, il y aura toujours quelque chose pour nous ramener à la maison, peut-être est-ce l’air qu’on a respiré, la terre qu’on a foulée, le terroir, comme on dit dans l’industrie.
ONB : Quels avantages voyez-vous dans le Nouveau-Brunswick?
Gillis : Les terres sont abordables. De plus, les gens ne se rendent pas compte que nous avons quelques-uns des meilleurs petits fruits au monde. C’est ici que l’on retrouve, par exemple, le bleuet en corymbe. C’est aussi plus facile d’expédier des marchandises à l’étranger. L’infrastructure s’améliore, et il y a davantage de compagnies maritimes qui transitent par le port de Saint John.
Le soutien du secteur public est aussi favorable. Nous avons reçu une aide financière d’ONB et de l’APECA pour nos projets d’expansion. La contribution d’ONB sert justement à l’achat de l’équipement. Le système d’embouteillage arrive à temps pour les vendanges publiques de cette année. Les gens pourront assister sur place au pressage du raisin et pourront constater que les fonds d’ONB sont utilisés à bon escient. L’expansion est aussi synonyme de création d’emplois, ce qui est toujours une bonne nouvelle en région rurale.
Nous disposons d’une foule de ressources. Il suffit de contacter le groupe de développement économique de votre région, soit ONB ou CBDC. S’ils ne peuvent pas vous aider directement, ils peuvent vous orienter vers les bonnes personnes. Si je me fie à ma propre expérience, ces représentants peuvent remplir 90 % des formulaires dont vous avez besoin. Ils vous faciliteront la tâche pour que vous puissiez vous lancer en affaires.
Images fournies par Gillis of Belleisle