par Adrienne Oldford
Une première version de cet article a été publiée dans le Telegraph-Journal le 21 janvier 2024.
La vision que défend Frank McKenna du développement d’une économie numérique qui crée de la richesse et de l’emploi, et rend la province plus autonome, remonte à plus de 25 ans, lorsqu’il était premier ministre du Nouveau-Brunswick. L’Institut McKenna de l’Université du Nouveau-Brunswick (UNB) en a servi de véhicule ces trois dernières années.
Tous nos projets reposent sur l’adoption du numérique pour nos entreprises et nos communautés ainsi que sur la diversification des talents en alimentant la croissance. Et cela ne se limite pas au secteur technologique conventionnel auquel la plupart pensent d’emblée. Nous consacrons des efforts aux progrès numériques dans divers autres secteurs, comme l’agriculture, les technologies de la santé, la foresterie et l’océanographie, en nous alignant sur les industries qui constitueront l’assise de l’économie pendant des décennies.
Depuis la fondation de l’Institut, nous misons sur une approche globale témoignant d’une évolution observée à l’échelle provinciale au cours des 25 années écoulées depuis que le Nouveau-Brunswick a opté pour une vision numérique de sa croissance. Il ne s’agit donc pas simplement d’encourager les entreprises qui créent des emplois et de la richesse. Notre stratégie de croissance vers une économie et une société numériques s’inscrit dans une approche à trois volets : l’éducation pour tous, les écosystèmes innovants et les catalyseurs économiques. L’Institut a plusieurs projets en cours qui traitent de ces trois enjeux au cœur de la stratégie.
L’éducation pour tous
Les gens du Nouveau-Brunswick ont besoin d’une éducation numérique accessible et flexible, qui assure l’inclusion et l’apprentissage continu pour quiconque cherche à se réorienter vers des fonctions axées sur la technologie. Du point de vue du développement social, il ne fait aucun doute qu’il faut offrir de telles possibilités d’apprentissage aux communautés et groupes marginalisés. Mais il y a aussi un impératif économique. La province subit déjà une pénurie de travailleurs qualifiés pour des emplois dans des domaines comme l’informatique, et l’un des moyens d’y remédier consiste à élargir le bassin de personnes possédant les compétences requises pour occuper des postes existants et émergents.
Dans une chronique parue l’automne dernier, nous avons écrit sur un projet pilote que met en œuvre le Conseil des technologies de l’information et des communications (CTIC) au Nouveau-Brunswick, soit une formation en cybersécurité combinée avec un programme d’apprentissage intégré au travail, auquel prendront part la faculté des sciences informatiques de l’UNB et la School of Information Technology du New Brunswick Community College. Grâce à ce projet pilote, des étudiantes et des personnes non binaires aux études auront la chance d’obtenir une formation en sécurité infonuagique reconnue par Microsoft, une spécialisation en sécurité des réseaux et une certification unique en intelligence artificielle dans le domaine de la cybersécurité.
Il est à noter que l’Institut finance de nombreux autres projets où la promotion de la diversité est un objectif clé. La faculté des sciences informatiques de l’UNB met aussi à l’essai un programme de leadership en partenariat avec MESH/diversity, une entreprise de logiciels de Fredericton qui offre une formation sur l’équité, la diversité et l’inclusion (EDI) basée sur l’IA pour différents milieux de travail et organismes. Ce programme de formation couvre des sujets comme les différences entre la diversité, l’inclusion et l’appartenance, le pouvoir de la compassion, les privilèges et l’oppression ainsi que l’abc d’une communication efficace.
Notre institut travaille également avec des partenaires des secteurs francophone et anglophone du système de l’éducation de la province, de la maternelle à la 12e année, plus particulièrement dans les régions rurales. Ce volet nous amène à rassembler des élèves et des parents avec des partenaires comme Labos Créatifs et les universités. L’objectif est d’aider les parents à voir ce qui se passe dans les écoles, et comment ils peuvent soutenir l’éducation numérique et les types de programmes et d’outils mis à la disposition des élèves. Nous avons également organisé des séances avec des enseignantes et enseignants de la maternelle à la 12e année chez InnovateNB sur la façon de préparer les enfants à des emplois numériques après l’obtention de leur diplôme.
Par ailleurs, les étudiants et étudiantes faisant partie de groupes sous-représentés bénéficieront d’un investissement de 1,25 million de dollars sous forme de bourses en informatique et en génie, et les régions à faible revenu recevront de meilleurs services d’éducation numérique grâce à un investissement de 1,45 million visant à élargir le programme Promise Partnership dans les quartiers prioritaires de la province.
Les écosystèmes innovants
L’Institut croit également à la promotion de l’innovation par la recherche, le développement et la collaboration avec les universités et le secteur privé afin de favoriser les avancées technologiques. Aussi se veut-il un catalyseur pour rassembler des chefs de file désireux de célébrer l’innovation et de créer de nouveaux partenariats pour améliorer la compréhension des technologies et des réalisations possibles.
Par l’entremise de l’Institut McKenna, l’UNB s’est associée à Shoppers Drug Mart pour élaborer de nouveaux modèles de soins de santé et des outils numériques pour accroître l’accessibilité à de tels soins dans les collectivités. Ses propres chercheurs et ceux de l’Université de Moncton ont pris part à ces efforts.
Nous avons créé des bourses et des chaires à l’UNB pour faire progresser la recherche essentielle au développement de l’économie et de la société : la chaire Barrett en entrepreneuriat pour la transformation numérique; la bourse McKenna en éducation numérique; la bourse Wilson-McKenna en durabilité numérique et ESG.
Mentionnons aussi la mise sur pied récente du Research Institute in Data Science and Artificial Intelligence, un institut de recherche en science des données et en intelligence artificielle, à l’UNB, qui vient tirer parti d’un secteur en pleine croissance de l’économie mondiale.
Les catalyseurs économiques
L’Institut stimule aussi la croissance économique en plaidant en faveur d’un système de l’éducation mieux arrimé aux demandes de l’industrie pour attirer les investissements et faciliter le développement de la main-d’œuvre.
Grâce à un investissement provincial de 10 millions de dollars, l’Institut a lancé des camps d’entraînement en partenariat avec TechImpact et le College of Extended Learning de l’UNB en vue de répondre à la demande de travailleurs qualifiés en TI. L’UNB collabore avec IBM Canada pour offrir aux étudiants et aux entreprises un accès gratuit à des ressources en formation et préparation à la carrière afin de favoriser l’acquisition des compétences requises pour occuper des emplois numériques dans toute la province.
L’Institut a conclu un partenariat avec Thales, une société d’envergure mondiale dans les domaines de la cybersécurité et de la défense, pour fonder le Canadian National Digital Education Centre à l’UNB. Ce centre du savoir numérique élaborera des programmes de cybersécurité adaptés aux élèves de la maternelle à la 12e année en anglais et en français. À terme, il emploiera une centaine de travailleurs qualifiés à Fredericton.
Ce n’est qu’un aperçu de ce que nous avons accompli jusqu’ici. Alors, quelles sont les prochaines étapes? À quoi ressembleront les 25 prochaines années? Nous avons passé la première année à recueillir 55 millions de dollars pour financer des projets percutants. Au cours de la deuxième année, nous avons lancé de nombreux programmes, dont certains présentés dans cet article.
En cette troisième année, nous voulons engager la conversation sur les réalisations possibles pour le Nouveau-Brunswick. Pourquoi le virage numérique est-il important? Quelle forme une approche numérique pourrait-elle prendre pour l’ensemble de la population du Nouveau-Brunswick? Que nous ont appris les économies numériques prospères? Qu’avons-nous en place aujourd’hui, qu’est-ce qui s’organise et quelles sont nos lacunes? L’IA est un domaine immensément prometteur pour la croissance de l’économie et de la société : ses retombées peuvent se traduire par des transformations auxquelles nous aspirons depuis plus de 25 ans. Nous ne le saurons réellement que si les universités, le gouvernement et l’industrie collaborent en tant qu’écosystèmes. C’est assurément une chance à saisir pour bien nous positionner sur l’échiquier mondial, et nous sommes sur la bonne voie!
Adrienne Oldford est directrice générale de l’Institut McKenna de l’Université du Nouveau-Brunswick.