Fancy Pokket est le plus important fabricant de pains pita, de pains plats, de bagels et de tortillas du Canada atlantique. À partir de son siège à Moncton, Fancy Pokket exploite une installation de 45 000 pieds carrés et emploie une soixantaine de personnes.
Son président et chef de la direction, Mike Timani, est devenu un membre important de plusieurs organismes de l’industrie régionale des aliments et des boissons. Il est aussi président actuel du conseil d’administration du Conseil multiculturel du Nouveau-Brunswick (CMNB).
ONB s’est entretenu avec M. Timani au sujet de son établissement au Canada, de son déménagement au Nouveau-Brunswick et plus encore.
ONB : Retraçons votre parcours du Liban au Canada. Qu’est-ce qui vous a amené au Canada?
Timani : Je suis né au Vénézuéla, mais mes parents étaient Libanais; ma famille est déménagée au Liban quand j’avais cinq ans. Mon parcours vers le Nouveau-Brunswick a commencé pendant la guerre civile au Liban. Pendant ce conflit, j’ai immigré au Canada avec l’intention de devenir ingénieur en mécanique. Mon frère habitait aux États-Unis, mais j’ai voulu venir au Canada en raison de son excellente réputation internationale.
Je n’ai pu obtenir un permis de travail que plusieurs mois après mon arrivée. Je n’ai pas pu obtenir un visa d’étudiant en arrivant et quand j’ai finalement reçu le permis, j’avais dépensé tout mon argent. J’ai ensuite emprunté 800 $ à un cousin. Quand mon permis est arrivé, il ne me restait qu’environ 50 $. C’était un début difficile.
Je ne pouvais pas me permettre de faire des études comme je l’avais espéré et je ne voulais pas téléphoner à mes parents pour leur demander plus d’argent pendant qu’une guerre civile sévissait. J’ai donc travaillé comme commis débarrasseur à l’hôtel Hilton International à Toronto. Après quelques mois, on m’a confié d’autres rôles – j’ai fini par occuper 14 postes chez Hilton en l’espace de neuf années.
Votre carrière chez Hilton vous a amené au Nouveau-Brunswick, n’est-ce pas?
Oui, j’ai été muté à Saint John. En 1985, j’étais directeur des aliments et des boissons et je gérais une équipe de 200 employés. En 1988, j’ai décidé que j’avais acquis suffisamment d’expérience pour me lancer en affaires. Je suis déménagé à Moncton en décembre de la même année, puis j’ai lancé mon entreprise en juin 1989.
La croissance de Fancy Pokket est impressionnante, de ses humbles débuts à son importante équipe actuelle.
Au début, j’avais une boulangerie de 1 000 pieds carrés et trois employés, puis j’ai ajouté un restaurant à 74 places, lui aussi sous le nom Fancy Pokket. Comme vous le dites, il s’agissait d’une humble boulangerie, où les pains pita étaient faits un à la fois. J’ai reconnu qu’on ne pouvait maintenir le statu quo et qu’il fallait croître pour survivre. C’est à ce moment-là que j’ai commencé à vraiment comprendre le commerce. Les entrepreneurs sont ambitieux, mais ils ne sont pas conscients des obstacles réels avant de lancer leur entreprise.
De grands détaillants me disaient qu’ils seraient heureux d’acheter mes produits, mais qu’il me serait impossible de répondre à leur demande en raison de la taille de mon entreprise. Je me suis donc concentré, à la fin de notre premier été d’activité, sur l’amélioration de l’efficience et de la rapidité de notre ligne de production.
J’ai dit à la banque que j’avais besoin de plus de fonds. On m’a répondu que j’étais fou, que je venais tout juste de lancer mon entreprise et qu’il était trop tôt. Je leur ai dit que c’était de cette façon que survenait la croissance et que j’avais les chiffres et la clientèle pour la soutenir. La banque a fini par acquiescer et, huit mois plus tard, nous avions une installation de 4 000 pieds carrés. Les nouveaux fonds nous ont aidés à automatiser partiellement notre ligne de production afin d’augmenter la productivité; nous pouvions maintenant produire 4 000 pains par heure. Nous avons conclu notre premier contrat de marque privée avec un grand détaillant en août 1990, contrat que nous conservons encore aujourd’hui.
Nous avons procédé à six expansions pour nous rendre à notre installation actuelle de 45 000 pieds carrés. Au fil du temps, nous avons diversifié nos produits considérablement et avec beaucoup de succès. Nous avons commencé à offrir divers types de pains pitas ainsi qu’une gamme de bagels, des tortillas, des pains pita grecs et encore plus. Nos pains pitas de style libanais ont augmenté les ventes de 30 %. Nous avons aussi automatisé de nombreux autres processus et augmenté la capacité de congélation, entre autres.
Quels sont, selon vous, les avantages à exploiter une entreprise au Nouveau-Brunswick?
Je pense que nous devrions être fiers de la culture qui prévaut ici; elle est notre plus grand avantage. Les gens du Nouveau-Brunswick sont si avenants et authentiques. Nous continuons d’être une région très accueillante et chaleureuse. Étant moi-même immigrant, je dois dire que j’ai reçu un accueil des plus chaleureux au Nouveau-Brunswick et je suis fier de dire que c’est chez moi ici. Le fait d’œuvrer un milieu aussi chaleureux a été un avantage considérable.
Que pouvez-vous nous dire au sujet du rôle joué par ONB auprès de Fancy Pokket?
Les entreprises ont besoin d’un gouvernement solide qui les soutient concernant l’exportation. Prenons par exemple, une petite entreprise qui cherche à exporter vers les États-Unis.
Malgré la proximité, nous n’avons pas toujours accès à des contacts dans les marchés américains. Alors quand ONB organise une mission commerciale et donne à des entreprises la possibilité de s’asseoir avec 10 ou 15 acheteurs, c’est énorme pour nous. J’ai pris part à des missions commerciales où j’ai pu avoir un tête-à-tête avec une dizaine d’acheteurs potentiels en quelques journées. Pour une petite entreprise, c’est un coup de maître de réussir à obtenir un entretien, avec l’aide d’ONB, ne serait-ce que pendant 15 ou 20 minutes.
J’exhorterais tout gouvernement à ne pas cesser ce type d’activité et à investir davantage dans de telles missions. L’investissement du gouvernement dans les missions et les foires commerciales ouvre des marchés pour les entrepreneurs qui pourraient avoir de la difficulté à établir des contacts avec de grands clients potentiels. Pendant mes 26 ans comme entrepreneur, j’ai appris que vous ne ferez pas nécessairement fureur à chaque foire commerciale. Certains acheteurs doivent vous voir à plusieurs foires pour savoir que vous êtes sérieux et que votre entreprise durera.
Vous êtes actuellement président du CMNB. Parlez-nous un peu de votre travail et de la plus récente initiative de l’organisme.
Nous sommes ravis d’avoir lancé notre vidéo d’accueil l’Espoir renaît à l’intention des nouveaux arrivants syriens. Nous sommes très fiers de cette superbe vidéo, lancée le 26 janvier 2016. Elle vise à informer les nouveaux arrivants syriens au sujet du Nouveau-Brunswick. La vidéo est offerte en ligne en arabe avec des sous-titres français et anglais.
La dame dans la vidéo – Layla Rahmeh – est syrienne; elle est arrivée à Saint John il y a maintenant plus de trois ans.
Compte tenu du nombre important de nouveaux arrivants au Nouveau-Brunswick, pensez-vous que la province dispose de ressources suffisantes pour soutenir adéquatement les nouveaux entrepreneurs?
Absolument. Des organisations exceptionnelles, par exemple 3Plus Corp ici à Moncton, accomplissent un excellent travail pour soutenir les aspirants propriétaires d’entreprise.
Le gouvernement provincial continue à chercher des façons de mieux comprendre l’importance de l’immigration et de l’entrepreneuriat. De plus en plus de personnes se rendent compte des avantages de faire venir des immigrants dans la province. Compte tenu des ressources de mentorat que nous offrons et de notre grande volonté à aider les gens à s’installer ici, je crois que nous sommes dans la bonne voie.
Au bout du compte, l’immigration fonctionne. La plupart des immigrants travaillent très fort; ils n’arrivent pas ici avec un sentiment que tout leur est dû. Ils sont déterminés à assurer leur propre succès ici.
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