Groupe Savoie été incorporé dans les années 1970 par Hector Savoie et son fils, Jean-Claude. L’aîné des Savoie participait activement dans l’industrie du bois d’œuvre du Nouveau-Brunswick puisqu’il travaillait comme directeur général de la scierie Southampton, à Saint-Quentin. En 1978, Hector et son fils ont décidé de faire le saut et de démarrer leur propre entreprise.

Hector a démissionné de son poste de directeur général, car lui et son fils avaient acheté une petite scierie de bois mou, Cèdre Restigouche. En fait, le départ d’Hector a mené au retrait de ses anciens employeurs du secteur. Ils ont donc vendu leur usine de transformation du bois de feuillu aux Savoie.

Trente-huit ans plus tard, le Groupe Savoie a pris de l’ampleur pour devenir le principal employeur de la région. Alain Bossé, président et directeur de l’exploitation, dit que l’entreprise emploie maintenant plus de 650 personnes dans leurs multiples installations. Opportunités NB (ONB) s’est récemment entretenue avec M. Bossé pour en apprendre davantage.

ONB : Nous comprenons que, pour les Savoie, le commencement a été un peu chaotique. Pouvez-vous nous parler des débuts?

Bossé : Effectivement, l’entreprise a frappé un grand obstacle en 1980 : un important incendie a ravagé leur scierie de bois franc. Ce fut extrêmement coûteux pour l’entreprise; c’était une perte totale. Ce n’était pas un bon moment sur le plan financier pour démarrer, car les taux d’intérêt étaient alors très élevés. Donc, l’histoire du Groupe Savoie est une histoire de persévérance. C’était un chemin parsemé d’embûches dès la ligne de départ. La scierie a fermé ses portes pendant un an, puis a été redémarrée avec la capacité de scier du bois franc, grâce à une contribution du gouvernement du Nouveau-Brunswick. 

La scierie vendait beaucoup de bois vert (du bois d’œuvre qui n’a pas encore été séché ou traité), mais nous n’aimions pas l’idée d’utiliser une ressource précieuse du Nouveau-Brunswick à cette fin. Nous souhaitions en faire plus. L’objectif s’est transformé pour cibler les produits du bois à valeur ajoutée. C’était en 1984, et c’est à ce moment que l’histoire de l’entreprise a réellement commencé. Depuis lors, l’ajout de valeur à une excellente ressource du Nouveau-Brunswick est au centre de nos activités. Nous offrons maintenant une variété de produits à valeur ajoutée comme des palettes, des composantes d’armoire et de meuble ainsi qu’une multitude de produits destinés à la production de chaleur, par exemple des granules.

ONB : L’entreprise a maintenant plusieurs lieux d’exercice dans l’ensemble de la région, n’est-ce pas?

Bossé : Nous avons maintenant trois scieries au total, dont deux sont des scieries traditionnelles pour bois de feuillus. La troisième est particulière. Nous l’avons construite en 1988 afin de produire du bois à palettes à partir de la pulpe. Personne ne le faisait à cette époque. Il s’agissait encore une fois de maximiser les ressources locales. Aujourd’hui,  je dis aux gens que, lorsque nous coupons un arbre, nous en utilisons 125 p. 100. Ce que je veux dire c’est que nous utilisons 100 p. 100 de la matière sciée, plus 25 p. 100 comme biomasse. Nous utilisons les cimes et les branches pour produire nos granules. C’est un enjeu très important dans ce secteur et l’utilisation efficace de l’ensemble de l’arbre est une grande part de notre succès.

Nous avons crû considérablement à partir de là, et les agrandissements ont commencé en 1994. Nous avons construit une nouvelle usine de composantes cette année-là et nous avons acquis Pallets Plus, à Moncton, qui accueille maintenant notre production de palettes et notre recyclerie. Nous sommes actuellement le plus grand fabricant de palettes de l’Est du Canada. Je dirais que nous avons la capacité d’en produire plus de deux millions par an. Au cours de 2005, nous avons construit notre usine située à Kedgwick pour les composantes moulées. Enfin, en 2010, nous avons construit l’usine de granules et lancé la ligne Canawick de produits combustibles écologiques.

ONB : Où votre clientèle se situe-t-elle maintenant, au-delà de l’Est du Canada?

Bossé : J’estimerais que de 15 à 20 p. 100 de nos ventes sont maintenant conclues au sud de la frontière. Beaucoup de bois de palette et de composantes d’armoires de cuisine vont actuellement aux États-Unis. Le marché du Royaume-Uni devient aussi beaucoup plus grand pour nous. La demande y est importante pour les granules. Nous avons probablement transporté 40 000 tonnes de granules cette année, expédiées en vrac depuis le Port de Belledune.

ONB : Quel serait votre meilleur conseil pour les autres entreprises du Nouveau-Brunswick qui désirent réussir en exportation?

Bossé : Ciblez d’abord la qualité de vos produits et la fiabilité de votre expédition avant de penser à l’exportation. Je sais que ça semble un peu évident, mais je pense qu’il est important de le mentionner. En fait, c’est facile à dire, mais difficile à faire.

Une chose qui nous a aidés à atteindre le point où nous pouvions exporter en Europe, c’est l’amélioration continue de nos installations et le fait de suivre le rythme des avancées technologiques. Afin d’être en mesure de rester à jour, il faut avoir un volume des ventes de base décent. Si vous n’avez pas un bon volume de base, ce sera difficile d’investir de façon continue dans vos installations. Nous avons investi plusieurs millions de dollars dans ces scieries et ces usines afin de demeurer concurrentiels sur ces marchés de l’exportation.

La chose la plus importante, cependant, c’est d’être entouré des bonnes personnes : des personnes ambitieuses qui veulent faire progresser l’entreprise et continuer de se dépasser.

ONB : Justement, les bonnes personnes, comment abordez-vous le recrutement dans une si petite région?

Bossé : En fait, nous travaillons très étroitement avec le CCNB . Nous avons collaboré sur plusieurs cours avec leur équipe. C’était ardu de trouver de bons électriciens à un certain moment par exemple. Avec le CCNB, nous avons élaboré un programme solide afin de former et de recruter de bons électriciens. Nous avons finalement formé 12 électriciens au début, et ils travaillent maintenant dans notre entreprise. Pour nous, il s’agit en fait d’une belle histoire de réussite.

ONB : Quel rôle a joué ONB auprès du Groupe Savoie?

Bossé : Nous avons parlé de l’usine qui a fermé pendant un an au début des années 1980. Si le gouvernement de la province n’avait pas cru dans les Savoie, il n’y aurait probablement pas d’installation aujourd’hui à Saint-Quentin. Nous avons été très chanceux d’avoir un solide soutien du secteur public. Votre équipe nous a aidés au fil des ans par l’intermédiaire d’une variété de programmes qui nous ont permis d’investir dans nos technologies et nos installations. La réalité, c’est que nous sommes dans un secteur qui demande beaucoup de capitaux. Il s’agit donc d’une grande aide.

Le gouvernement est là pour aider, mais il faut tout de même avoir un plan d’action. Si vous ne voulez que de l’argent, sans vraie stratégie pour l’utiliser, ne comptez pas sur le secteur public. Si vous êtes créatifs et que vous avez des plans d’investissement concrets, les portes du gouvernement provincial seront ouvertes.

Pour en apprendre davantage, visitez le GroupeSavoie.com.