L’Institut canadien sur la cybersécurité (ICC) a été créé à l’Université du Nouveau-Brunswick (UNB) en 2017 afin d’offrir une formation complète en cybersécurité, de faire de la recherche et de promouvoir l’entrepreneuriat.
L’ICC travaille en étroite collaboration avec des chercheurs de différents domaines (sciences de la nature, sciences sociales, affaires, informatique, génie, droit), ainsi qu’avec d’autres centres de recherche nationaux et internationaux. Il propose des programmes et des ateliers de premier et deuxième cycles en cybersécurité. Il a noué des partenariats de recherche et développement avec plus de 20 organismes publics et privés nationaux et internationaux. En outre, l’Institut a obtenu des brevets, lancé de jeunes pousses et produit des données accessibles au public utilisées pour tester et valider des solutions de cybersécurité.
En plus d’être titulaire d’une chaire de recherche du Canada de niveau 1 en cybersécurité, Ali Ghorbani est professeur d’informatique à l’UNB et directeur de l’ICC. M. Ghorbani fait de la recherche sur l’apprentissage automatique, la cybersécurité et la protection des infrastructures essentielles depuis plus de 25 ans. Depuis le début de sa carrière il y a plus de quarante ans, il a écrit un livre et plus de 300 articles évalués par les pairs. Il a par ailleurs supervisé plus de 250 associés en recherche, postdoctorants et étudiants. Il est, de surcroît, le coinventeur de technologies qui ont mené à quatre brevets et le cofondateur de trois entreprises.
ONB s’est entretenu avec M. Ghorbani pour en savoir plus sur l’ICC et sur le secteur de la cybersécurité au Nouveau-Brunswick.
Quelles sont les principales priorités stratégiques de l’ICC?
En gros, nous cherchons à cerner des problèmes pratiques qui nécessitent des solutions pratiques. J’aimerais souligner trois grandes priorités.
1. Le développement des talents et la formation. L’ICC comble les lacunes en matière de cybersécurité en formant du personnel hautement qualifié à l’évolution constante des menaces. Nous favorisons ainsi la croissance et le développement de la cybersécurité, contribuons à l’innovation dans l’enseignement et la recherche à l’UNB et faisons vivre une expérience incomparable aux étudiants. En savoir plus.
2. La recherche et le développement (R et D). L’objectif est de monter et de maintenir un solide programme pratique de R et D et d’établir des partenariats avec le secteur privé et le gouvernement. Des technologies innovantes et commercialement viables sont issues de nos activités de R et D. Les principaux domaines d’intérêt de l’Institut en matière de R et D sont la protection des infrastructures essentielles, l’analyse et la criminalistique de la cybersécurité, la sécurité infonuagique et la protection de la vie privée, la sécurité de l’information, les technologies d’amélioration de la protection de la vie privée, et ce n’est là qu’un aperçu.
3. L’innovation et l’entrepreneuriat. Nous misons sur la mise au point de systèmes de cybersécurité innovants qui favorisent la croissance économique et la durabilité pour le Canada et pour les Canadiens. L’ICC demeure un chef de file en matière de connaissances en cybersécurité et un acteur de premier plan dans la lutte mondiale contre la cybercriminalité. Les professeurs, chercheurs, doctorants, étudiants à la maîtrise et étudiants coop en cybersécurité ont régulièrement l’occasion de collaborer à des projets de recherche du secteur de la R et D. L’ICC participe à des projets de recherche avec Bell Canada, Huawei, IBM Canada, le Conseil national de recherches Canada, la Banque Scotia, Siemens Canada et la Banque TD.
L’Institut collabore avec de nombreux partenaires du secteur privé pour fournir une expertise et des solutions en cybersécurité. En plus de ceux mentionnés précédemment, nous comptons parmi nos membres des entreprises et organismes comme MasterCard, Énergie NB, Rogers, General Dynamics Mission Services (GDMS), ADGA, CCTX, McCain Foods, IPnet, la Ville de Saint John et le gouvernement du Nouveau-Brunswick (GNB/SNB).
Ces organisations paient une cotisation annuelle à l’ICC pour profiter de nos connaissances et de notre capacité à résoudre les problèmes. Ces sommes permettent à l’Institut d’accéder à d’autres programmes de financement et d’étendre ses activités, il ne reçoit aucune contribution de l’UNB.
La collaboration d’ICC sur de nombreux projets s’est avérée fructueuse. Par exemple, nous avons dressé le portrait des cybermenaces en Amérique du Sud et dans les Caraïbes pour les institutions financières. Nous avons également élaboré des pratiques exemplaires pour le partage de solutions de veille sur les menaces, développé un cadre pour la sécurité de la chaîne d’approvisionnement et analysé le comportement des utilisateurs. Cette analyse a abouti à un nouveau modèle d’IA capable de détecter les activités malveillantes.
Comment le secteur de la cybersécurité du Nouveau-Brunswick a-t-il évolué depuis le lancement de l’ICC en 2017?
Aujourd’hui, la communauté universitaire, le secteur privé et le secteur public s’intéressent beaucoup plus à la cybersécurité. Il faut souligner que le gouvernement du Nouveau-Brunswick a joué un rôle crucial en accordant très tôt la priorité à la cybersécurité, ce qui a permis de sensibiliser la population et de promouvoir des actions dans ce domaine. Le gouvernement et le secteur privé ont également investi dans la création de ressources essentielles, comme le Centre pour la cybersécurité à Fredericton.
Cette vision a permis au Nouveau-Brunswick de s’imposer comme chef de file en cybersécurité, ce qui est reconnu tant par le gouvernement fédéral et que par les acteurs du secteur privé. Notre écosystème de cybersécurité a favorisé de solides relations de collaboration et a créé des ressources et des infrastructures de grande qualité. Il est essentiel de l’entretenir et de le développer, sinon nous risquons de prendre du retard par rapport au reste du pays.
Pensez-vous que le Nouveau-Brunswick est toujours bien placé pour être en tête du peloton au pays dans le domaine de l’innovation en cybersécurité?
Oui, absolument. Il y a dans la province une culture d’apprentissage et de l’appétit pour l’innovation et le développement de nouveaux produits. Nous sommes bilingues, flexibles et capables d’établir des partenariats stratégiques. Nous disposons aussi d’atouts comme le Centre pour la cybersécurité et, plus important encore, du leadership reconnu de l’ICC et de son modèle éprouvé fondé sur l’établissement de partenariats et l’adhésion de membres. Cependant, tout cela repose sur la volonté, la collaboration et l’entraide des acteurs privés, gouvernementaux, universitaires et associatifs. Mentionnons que le gouvernement du Nouveau-Brunswick considère toujours la cybersécurité comme un moteur économique et qu’il est prêt à investir dans ce domaine.
Quels sont, selon l’ICC, les principaux sujets d’intérêt et les tendances à surveiller en 2024?
Il y en a beaucoup! Les principaux sont :
- la pénurie croissante de compétences en cybersécurité et la formation en cybersécurité;
- les menaces liées aux réseaux sociaux (désinformation, mésinformation, faussetés ou contenus hostiles visant les personnes, les organismes et les gouvernements);
- la sécurité infonuagique;
- la vulnérabilité de l’Internet des objets;
- la sécurité de la chaîne d’approvisionnement;
- l’intelligence artificielle générative et la cybersécurité alimentée par l’IA;
- la multiplication des attaques par rançongiciel.
Y a-t-il de nouveaux programmes ou partenariats qui méritent d’être mentionnés?
L’attribution des cyberattaques est de la plus haute importance pour la sécurité du Canada. Il s’agit d’une pièce maîtresse de la stratégie de dissuasion du pays en matière de cybermenaces. Le CIC travaille actuellement à l’établissement d’un centre de données et d’analyse sécurisé alimenté par l’intelligence artificielle. L’objectif premier de ce centre est de recueillir et de conserver les informations sur les cyberactivités. Ses analyses et extractions de données à long terme seront fort utiles aux gouvernements, aux entreprises, aux universités et aux centres de recherche.
La réussite de ce projet, et des autres à venir, dépend de l’obtention du financement nécessaire. Pour rester compétitifs et demeurer le chef de file au Canada, nous n’avons d’autre choix que d’accroître nos activités. Pour ce faire, nous prévoyons de doubler nos effectifs, les faisant passer de 100 à 200 personnes d’ici cinq ans, ce qui représente une augmentation annuelle d’environ 15 %. Nous espérons avoir l’appui de notre université, du gouvernement et du secteur privé pour atteindre cet objectif.
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Le CIC organise la conférence internationale annuelle sur la vie privée, la sécurité et la confiance (PST), publie un blogue, tient un site Web d’informations quotidiennes sur la cybersécurité, et conseille les décideurs à l’échelle nationale. Suivez le CIC sur X, Facebook, LinkedIn et YouTube.
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