Peu après son arrivée au Nouveau-Brunswick en provenance d’Angleterre, Adam Clawson, qui est ingénieur, et sa partenaire, Nicola Mason, sont allés prendre un verre dans un bar du campus à Fredericton. « J’ai posé des questions sur les bières artisanales, et on m’a parlé de la Picaroons, une marque locale, explique M. Clawson. Nicola s’est informée à propos du cidre; les employés ont cherché et ils ont trouvé une cannette poussiéreuse d’une marque américaine de cidre. »
Les deux partenaires, qui fabriquaient du cidre pour eux-mêmes et pour des amis, ont décelé une réelle occasion commerciale — il y avait un marché de niche non comblé.
C’est ainsi qu’a vu le jour la Red Rover Craft Cider, la première entreprise de cidre artisanal du Nouveau-Brunswick. En misant sur les plus belles pommes du Nouveau-Brunswick cueillies à la main pour la création d’un cidre rafraîchissant de style anglais, Red Rover peut maintenant offrir quatre styles de cidre (primés).
Opportunité NB (ONB) a parlé avec Adam Clawson pour en apprendre davantage sur l’immigration au Canada et le développement d’une entreprise au Nouveau-Brunswick.
ONB : Vous avez obtenu une maîtrise en ingénierie de l’Université de Leeds. Nous sommes curieux de savoir ce qui vous a amené au Canada.
Clawson : Il y a dix ans, Nicola a étudié ici à l’Université McMaster. Nous avons voyagé ici et sommes tombés en amour avec le Canada. En 2007, nous avons décidé de venir nous y établir.
J’ai évalué les endroits où je pourrais faire de la recherche dans le domaine qui m’intéressait – les prothèses pour les membres supérieurs. Après avoir communiqué avec les bons experts, j’ai déterminé que le meilleur endroit pour faire de la recherche au Canada était à l’Université du Nouveau-Brunswick (UNB), à Fredericton.
Je me suis trouvé un poste en tant qu’ingénieur mécanique principal au sein du projet « The UNB Hand » de l’Institute of Biomedical Engineering (IBME). Après ce contrat, j’ai eu l’occasion d’aller travailler ailleurs, mais nous avons choisi de trouver une solution qui nous permettrait de rester à Fredericton, l’endroit que nous appelions alors notre chez-nous.
ONB : C’est à ce moment que vous avez décidé de vous lancer dans la production commerciale du cidre?
Clawson : Oui, nous avons commencé à faire nos plans en 2012. Contrairement à une microbrasserie, la logistique du cidre est compliquée. Il faut du temps pour obtenir du jus; nous n’achetons pas le jus, nous pressons plutôt nous-mêmes une grande quantité de pommes de certaines variétés précises. Nous nous sommes incorporés en 2012, mais nous avons lancé nos activités en 2014. Depuis, nous avons augmenté notre offre et nos styles, et nous avons eu l’honneur de remporter plusieurs prix.
ONB : Pouvez-vous nous parler de ces prix?
Clawson : Le Fire Cider a remporté la médaille d’or aux Grands-prix canadiens de la bière en 2015, et le Fall Cider y a remporté la médaille d’argent en 2016. Nous avons remporté le prix de la cidrerie de l’année 2015 des Atlantic Brewing Awards – la première reconnaissance de cidrerie de l’année au Canada – tandis que nous avons remporté une médaille d’or et deux médailles d’argent pour le Fire Cider, le Blues Cider et le VeRRY PeRRy.
Nous avons aussi remporté de multiples récompenses internationales au cours de l’édition 2016 de la Great Lakes Cider and Perry Competition.
ONB : Le Nouveau-Brunswick compte sur une communauté d’affaires tissée serrée. Vous avez mentionné Picaroons; parlez-nous de leur rôle dans le démarrage de votre entreprise.
Clawson : Puisque le cidre est dans une catégorie distincte – ce n’est pas vraiment de la bière et pas vraiment du vin – il nous fallait faire un choix. Devions-nous miser sur une stratégie commerciale basée sur le vin ou sur la bière? Nous voulions créer un produit de grande qualité, donc le vin représentait un modèle sensé. La bière, en contrepartie, avait beaucoup plus de succès dans cette région, donc nous avons communiqué avec Sean Dunbar, le propriétaire de Picaroons.
Sean nous a offert un énorme soutien dans les premiers jours de notre entreprise. Il était présent pour répondre à nos questions liées à la réglementation sur l’alcool et à la façon de faire des affaires en respectant cette réglementation. Il n’existait aucune catégorie pour notre cidre, donc nous étions des pionniers tant sur le plan du produit que des politiques; les directives de Sean ont joué un rôle essentiel.
ONB : Quelle est votre approche sur le plan du marketing?
Clawson : Quand nous parlions de « cidrerie », personne ne savait de quoi nous parlions, ce n’était pas un terme connu dans la région. De plus, nous effectuons des infusions à froid, ce qui est une méthode de brassage, donc nous nous sommes incorporés sous le nom de Red Rover Brewing Company. La majorité de notre marketing met donc l’accent sur les festivals axés sur la bière.
Le premier festival de bières artisanales auquel nous avons participé a eu lieu à Fredericton, et nous participons à ce festival depuis ce jour. Il y a quelques années, j’ai parlé aux organisateurs du festival, et je leur ai expliqué que d’autres cidres faisaient leur entrée sur le marché et qu’il était temps d’organiser un festival pour le cidre. En association avec Brewbakers et le Fredericton Craft Beer Festival, nous avons organisé le premier festival du cidre de Fredericton en octobre 2015.
Nous ne passons pas par les médias traditionnels. Nous misons sur le bouche-à-oreille et des canaux comme Facebook et Twitter. Cette méthode s’est avérée efficace puisque la communauté artisanale est grandement engagée au sein des médias sociaux; c’est une excellente façon de tenir les personnes à jour sur les événements auxquels nous participons.
ONB : Comment appréciez-vous la vie au Nouveau-Brunswick, vous et Nicola?
Clawson : Je viens d’une grande ville; Leeds compte une population d’environ 2,3 millions de personnes. Le fait de venir s’installer à Fredericton nous a permis de respirer, c’était un soupir de soulagement. C’est un rythme de vie différent, et c’est en même temps reposant et enivrant. Fredericton est un endroit ouvert et accueillant, et contrairement aux grandes villes, vous n’avez qu’à marcher dans la rue et après quelques semaines vous allez connaître au moins une ou deux personnes. Les gens sont ouverts à la discussion.
ONB : Quel conseil donneriez-vous aux entrepreneurs?
Clawson : Quand j’étais jeune, je plongeais des quais dans la mer du Nord. Nous avions toujours peur de heurter quelque chose dans l’eau, donc nous faisions de petits sauts à partir des marches les moins hautes, puis nous sautions progressivement de plus en plus haut. Ce qui est bien dans le fait de se lancer en affaires, c’est que chacun choisit la hauteur de la marche à partir de laquelle il va faire son prochain saut. Cependant, ce que l’on ne réalise pas avant de se lancer véritablement en affaires, c’est que de formidables organismes de soutien sont en place pour vous aider à faire le prochain grand saut. Si vous avez une bonne idée, vous devriez saisir l’opportunité; vous avec plus de chance de réussir grâce à ce réseau de soutien.
ONB : C’est un bon moment pour parler de votre relation avec ONB.
Clawson : Cette relation a commencé en 2013, quand une subvention pour la croissance commerciale nous a permis d’acheter notre premier équipement. Cela nous a permis de miser sur une installation de production appropriée et de faire de notre entreprise une réalité. Depuis, nous avons fait œuvre de pionniers sur le plan des politiques, et nous avons pu compter sur ONB quand nous avons été confrontés à des difficultés. Nous sommes maintenant dans une phase de croissance où nous mettons l’accent sur les marchés internationaux, et nous espérons être en mesure d’agrandir nos installations de production. Nous sommes sûrs qu’ONB continuera de jouer un rôle important auprès de Red Rover.
Red Rover est disponible en format de 750 ml auprès de la Société des alcools du Nouveau-Brunswick. Si vous êtes au centre-ville de Fredericton, vous pouvez les visiter au 546 rue Queen pour essayer un de leurs pots à anse réutilisables d’un litre.
Toutes les images sont une gracieuseté de Red Rover